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Kaytranaïve

Publié le par MarionFgr

Ce week-end je quitte Nîmes, ses rues sales, ses freaks de Gambetta, ses « eh madame, la vérité t’es charmante ». Ta gueule. Je quitte la violence de la ville pour des histoires d’amitié sur fond de nature maîtresse. La nuit commence à engloutir la BB mobile et la vie reprend un sens qui ressemble à l’humanité.

Tu passes des moments parfaits, avec deux nénettes qui devraient être remboursées par la sécu tellement elles font du bien aux gens. Tu as tendance à te laisser aller à ce que ceux qui ont des pouvoirs magiques d’énergie ou de voyance racontent. Qu’on a des familles d’âme, et qu’on t’envoie les bonnes personnes au bon moment. C’est l’instant où tu arrêtes de te sentir seule face à ton karma, où une bienveillance puissante et infiniment discrète s’instille dans ton rapport à l’autre.

On prend l’air à 3 du mat’. Les sommets des montagnes crèvent le ciel, on a une presque-pleine-lune qui suffit à satisfaire notre romantisme vandalisé par l’époque. Dans ma tête et mon ventre éclatent les grelots glacés de Kaytranada. Le mec fait résonner tes instincts à coups d’infra-basses qui t’attrapent et te lâchent plus. Jusqu’à ce que tu saisisses la dimension sophistiquée du truc, sa sensualité, son efficacité. Kaytranada réveille le bas du ventre, là où les anciens plaçaient les émotions avant que ce soit au cœur. Tu veux plus de ces putains de murs, il faut que le son prenne sa place. Ça donne des envies d’ailleurs, des envies de mieux, de se faire draguer en anglais par un mec drôle, de défendre la trap music auprès de mecs qui écoutent Léonard Cohen et de tomber d’accord, de lancer un concours de jambes sur des talons de 12 avec un graffeur bourré, de sautiller sur les beats comme si ça te brûlait de le faire. En fait tu sais quoi ? Ça te donne de l’enthousiasme. Tu te sens vivre. Et ça, c’est ce que les 20 mecs assis au sommet du monde essaient d’étouffer dans l’œuf.

Tu réalises que tu pourras jamais arrêter d’être perméable aux autres, au monde. D’être enthousiaste. T’as pas signé pour traverser la vie comme si elle était trop bien pour toi. Je réponds à la léthargie ambiante par mon enthousiasme, par cette espèce de naïveté curieuse. La naïveté rend disponible à ces moments privilégiés, à tes potes, à la musique, à ce qui t’épanouit. La naïveté, c’est un peu ton passeport pour l’amour, mec. De Nerval le dit vachement mieux que moi en revanche, et je vous laisse savourer la justesse et la poésie de cette phrase : « La conjugaison éternelle du verbe "aimer" ne convient peut-être qu'aux âmes tout à fait naïves. ». Brrrraa !

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