On attendait l’exposition MERCUROCHROME avec une hâte dont on n’a même pas envie de rougir. Sismik et Azot étaient déjà venus affoler la planète graffiti nîmoise à la jam « My Nîmes is » en septembre dernier. Ils sont revenus au SPOT avec enthousiasme et ce nouveau projet où la couleur rouge et l’amour sont définitivement à l’honneur.

C’est un jeudi 8 Mai que Sismik et Azot débarquent au SPOT avec leur amie Claire, tout le matériel, et le chien Knaki. En un rien de temps, un joyeux bordel plus ou moins maîtrisé envahit le rez de chaussée pour préparer l’exposition MERCUROCHROME. C’est quand tu vois ces deux potes d’enfance travailler que tu comprends ce truc de viser les étoiles pour décrocher la lune. Les mecs voient toujours plus grand.

Sismik et Azot commencent par rappeler que leurs affinités avec la culture hip hop sont nées dans la musique : « on allait à des battles de danse, à des concours de beatboxing, on faisait du rap… on s’est mis plus tard à prendre beaucoup de photos de graffs, quand on est arrivés à Toulouse. Et puis un jour on a voulu s’y mettre aussi ! », raconte Azot. Sismik évoque alors les premières « croûtes », les essais, les bouquins pour perfectionner leur technique, les conseils des gars dont ils photographiaient le travail. « On a commencé tard, notre première fresque date de 2007. Mais à 23 ans, tu observes plus, tu fais marcher ton esprit d’analyse. Ce qui était important pour nous était de rester objectif sur notre travail. On pouvait passer des heures au téléphone pour essayer de trouver ce qui n’allait pas, ce qu’on pouvait améliorer la fois d’après…». Pris par leurs études et leurs boulots respectifs, ces deux acharnés devaient en plus composer avec le manque de temps. A force de travail et de passion, chacun finit par rencontrer son style. Sismik s’est orienté vers les personnages réalistes. Pour se démarquer d’autres artistes de ce mouvement, il a développé une technique qui consiste à appliquer la couleur comme un pointilliste. Le rendu est d’un dynamisme et d’une poésie qui scotchent. Les portraits vibrent. Quand l’un travaille en infiniment petit, l’autre travaille sans contrainte d’espace. Azot, c’est un peu « saturator ». Il aime qu’il y ait beaucoup, beaucoup de couleur. Elle coule, elle s’étend, elle enveloppe, elle est dissoute, étirée et surtout spontanée. Azot est également celui qui écrit : le travail de la lettre, aux fondements de la culture graffiti, épouse la poésie des mots. Dire et montrer, tel est leur credo.

Sismik et Azot semblent avoir la dalle. Ils ont faim d’authentique. Ils choisissent de peindre les gens qui les ont touchés, anonymes ou personnages publics, avec lesquels ils ont une histoire. Ils se vautrent dans le moment présent, indissociable des rencontres qu’ils peuvent faire au pied des murs. Leur art est une fenêtre sur l’autre. Leur pédagogie relève de cette volonté de créer un lien, avec l’autre ou avec soi : « nos ateliers avec les jeunes ne sont pas qu’une histoire de fresque, insiste Azot. On utilise tout ce qu’il y autour pour les sensibiliser au groupe, à l’autre, mais aussi à eux-mêmes en tant qu’individus. Parfois on demande à des gamins de raccompagner une petite vieille jusqu’à chez elle en lui portant ses courses, histoire de leur apprendre à aider, à être attentifs. Tout ce qu’il y a autour de la fresque est aussi important. Le fait de préparer le matériel, décharger le camion, ranger, prendre le goûter tous ensemble à la fin de la journée… ». Sismik reprend : « C’est étonnant comme en 2014 les gens sont surpris qu’on les considère quand on ne les connaît pas ». Alors pour court-circuiter la mouvance, les deux amis se servent de leur peinture. Le rendu est puissant, émouvant, vibrant encore une fois, et plein de toutes ces belles énergies.

En faisant exploser les codes de la culture hip hop, Sismik et Azot parviennent à l’amener sur d’autres territoires. Celui des familles, des vieux, celui des enfants, celui de l’amour aussi. Leur expo MERCUROCHROME sonne comme un hommage à toutes ces rencontres, à leur passion pour ce qu’ils font et à la culture de la rue, espace de partage numéro 1. Alors venez prendre votre dose de love au SPOT jusqu’au 31 Mai.

Pour suivre leur travail : http://www.sismikazot.com/

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SISMIK et AZOT, histoire de love